Le bioplastique, alternative écologique ou pas si fantastique ?
Nous le savons, le plastique est très polluant, notamment pour les océans.Comment le remplacer de façon écologique ? Le bioplastique est-il la bonne alternative? Voici quelques éléments de réponse.
Sacs poubelle, couverts, coques de téléphone portable, tous composés en bioplastique… Mais qui aurait imaginé, il y a quelques années, que ces produits de consommation courante et si répandus dans le monde deviendraient un jour synonymes de développement durable ? Grâce aux avancées réalisées dans le domaine de la chimie du végétal, les bioplastiques sont désormais une réalité qui transforme en profondeur le cycle « production-transformation-élimination » d’objets de plus en plus nombreux et diversifiés.
Devant le réchauffement climatique, de nouvelles exigences environnementales apparaissent couplées à la raréfaction des ressources fossiles, le développement de produits de substitution aux plastiques conventionnels (issus de la pétrochimie) est devenu, depuis une vingtaine d’années, un axe majeur dans la recherche d’alternatives au tout pétrole. Partant du principe que le carbone stocké par les plantes constitue la seule alternative au carbone fossile, les acteurs de la chimie verte ont mis au point des procédés permettant de produire des plastiques dits « bio-sourcés », c’est-à-dire fabriqués à partir des molécules de carbone présentes sous forme d’amidon dans les végétaux tels que le blé, le maïs mais aussi les pommes de terre.
Par nature, les bioplastiques possèdent des avantages qui les distinguent des plastiques conventionnels. Issus de matières premières renouvelables, ils sont 100 % biodégradables et peuvent être valorisés par des voies organiques telles que le compostage et la méthanisation. Cette aptitude apporte une réponse directe aux problèmes posés par la gestion de fin de vie des plastiques traditionnels, souvent source de nuisances et de pollution. Enfin, en permettant de réduire de 30 à 75 % les émissions de CO2 par rapport aux polymères d’origine pétrolière, les bioplastiques contribuent activement aux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Il faut cependant savoir que le « bioplastique parfait », biodégradable et à coût bas, n’existe pas !
Un peu d’histoire:
L’ invention du bioplastique est moins récente qu’on pourrait le croire. Dés la fin du 19ème siècle apparaissent divers matériaux: la Hemp car, par exemple est un modèle de voiture tout en plastique, conçue à partir du chanvre, produite en 1942. Malheureusement les recherches, comme celles de Ford, furent interrompues à cause de la guerre. De même le boom pétrolier du Texas (1920-1940) a orienté l’industrie plastique différemment mettant fin à la recherche sur les bioplastiques.
Depuis environ 30 ans, les recherches ont repris, chimie verte se développe, réchauffement climatique et pollution obligent. Le plastique dit « biodégradable »a été rapidement adopté en France. L’enjeu était important: remplacer les 2 milliards de sacs en plastique ! Les nouveaux sacs en bioplastique, biosourcés et compostables, sont devenus la norme et leur distribution s’est accrue lors de l’interdiction des sacs en plastique à usage unique entrée en vigueur le 1er janvier 2017.
La réelle composition du bioplastique:
Ce matériau n’est en réalité ni du plastique, ni issu de l’agriculture biologique. Le terme « bioplastique » désigne des éléments issus de matières végétales. On peut distinguer deux grandes catégories de bioplastiques:
- Le bioplastique non biodégradable biosourcé mais issu d’une matière 1ère provenant de la biomasse (végétaux ou déchets végétaux)
- Le bioplastique biodégradable biosourcé ou d’origine fossile. Cette appellation est réglementée de manière à limiter au maximum la diffusion de matières toxiques dans la nature quand un objet s’y dégrade (l’usage d’additifs comme les colorants, encres ou anti-uv sont interdits)
Mais hélas, la réglementation est aujourd’hui encore trop souple, ainsi tous les bioplastiques ne sont pas écologiques. On peut trouver des bioplastiques avec 70% de pétrole ! Mais même pour un bioplastique issu de végétaux, l’énergie pour le produire étant considérable, il apparait, dans la plupart des cas, plus cher à produire que le plastique fossile. Aux Etats Unis, les lobbyistes de l’agriculture intensive peuvent ainsi écouler leur surplus de stocks de céréales ! Parfois, il peut arriver que la production de bioplastique entre en compétition avec les cultures agricoles. Au lieu de nourrir les populations, les cultures de mais, pomme de terre, betterave ou canne à sucre servent à produire le bioplastique, tout comme le biocarburant !!! Cette pratique encourage également la monoculture responsable de problèmes environnementaux. De plus l’utilisation des OGM par les agriculteurs pour produire le bioplastique pose problème et semble contradictoire à une certaine éthique.
La dégradation du bioplastique
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le bioplastique ne se dégrade beaucoup plus lentement que prévu. Il devrait se décomposer en carbone et oxygène dans des conditions normales, néanmoins une étude de l’université International Marine Litter Research Unit de Plymouth en 2019 a pu démontrer que les sacs en bioplastique se dégradaient avec un temps beaucoup plus long que le temps théorique: trois ans plus tard, dans le sol ou exposé à l’air aucun des sacs (biosourcés ou biodégradables) ne s’étaient dégradés….
Nous savons également que si le temps de dégradation des sacs bioplastiques est inférieur aux sacs d’origine fossile, la dégradation du bioplastique constitue néanmoins un danger pour l’environnement et surtout pour la faune: fragmentation du sac compostable en microplastiques avec des conséquences dramatiques !
Conclusion
On attend les progrès de la recherche scientifique dans ce domaine pour pouvoir nous fournir un véritable plastique issu à 100 % de matières naturelles non comestibles : algues, déchets agricoles, herbes invasives (chardons…), qui soit moins cher que le plastique actuel et moins gourmand en ressources.
Les véritables alternatives au plastique
Le bioplastique peut être la solution dans certains cas, comme pour les sacs utilisés pour le compost. Dans ce cas-là, on s’assure que le sac soit certifié « OK Compost », donc réellement biodégradable à 100 %, et qu’il finisse bien au compost.
Le label OK compost, c’est quoi ?
Il certifie que le bioplastique peut être biodégradable à 90 % en six mois dans des conditions de compostage industriel. Il peut être appliqué à des sacs, des contenants (pots…), et même des couches.
Sinon, il existe d’autres alternatives au plastique dans la vie de tous les jours, plus écologiques et économiques
- On pense au réutilisable (sacs, couverts, assiettes…).
- On refuse les sacs à la caisse ou au marché, qu’ils soient en bioplastique ou non.
- On file au rayon vrac avec ses propres contenants, en verre par exemple.
- On se rappelle d’une règle simple : le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ! On privilégie donc la réduction des déchets à la source plutôt que de vouloir trouver des alternatives aux emballages plastiques.